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Deux enseignants-chercheurs de Bordeaux INP nommés membres seniors de l’Institut Universitaire de France

Focus sur les lauréats
Alexander Kuhn, nommé membre Sénior
Alexander Kuhn est enseignant-chercheur à l’Institut des Sciences Moléculaires (ISM – Bordeaux INP, CNRS, Université de Bordeaux), dans le groupe Nanosystèmes Analytiques. Spécialiste des méthodes électrochimiques avancées et de la nanoanalyse, il a reçu de nombreuses distinctions : la médaille d’argent du CNRS en 2023, le titre de Fellow de la Société Internationale d’Électrochimie depuis 2020, le Grand Prix Pierre Süe de la Société Chimique de France, les bourses ERC Advanced et ERC Proof of Concept, ainsi que le Prix de l’Innovation Scientifique décerné par l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Cette nomination marque sa deuxième sélection en tant que membre senior de l’IUF, la première ayant eu lieu de 2012 à 2017.
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Son projet IUF
Le projet qui est au cœur de ces cinq années de délégation à l’IUF s’intitule « Approches Originales pour des Systèmes avec un Stéréosélectivité Intégrée » ou « Original Approaches for Systems with Integrated Stereoselectivity (OASIS) »
La chiralité est un phénomène omniprésent dans la nature, allant des objets macroscopiques aux systèmes microscopiques et moléculaires. Les études consacrées aux divers aspects de la chiralité sont multiples et sont très interdisciplinaires en raison de leur importance intrinsèque en biologie, chimie, pharmacologie mais aussi en nanotechnologie. De nombreuses molécules organiques sont chirales, ayant deux formes d'images miroir non-superposables, appelés énantiomères, qui induisent des effets très différents dans les systèmes biologiques. Ainsi, leur reconnaissance, leur séparation et leur synthèse stéréosélective sont des enjeux importants à la fois d’un point de vue académique et d’un point de vue des applications potentielles. Le projet OASIS explore des approches non-conventionnelles, n'impliquant aucune information chirale moléculaires initiale, mais reposant sur la combinaison de différents phénomènes physiques, pour permettre une synthèse et une séparation absolue de diverses molécules chirales
Cette deuxième nomination à l'IUF en tant que membre Sénior me permettra de bénéficier d'un temps supplémentaire en recherche pour travailler sur un projet ambitieux, impliquant des stratégies jusqu'ici inexplorées, combinées avec un degré élevé de prise de risque. Ce dernier aspect est très important, car la plupart des financements plus classiques ne permettent pas cette liberté académique. Le projet soutenu par l’IUF repose sur des résultats préliminaires obtenus vers la fin de mon projet ERC Advanced ELECTRA, et par conséquent cette délégation me permettra de continuer de recueillir des informations et des preuves supplémentaires concernant les concepts proposés.
Sébastien Lecommandoux, nommé membre Sénior
Sébastien Lecommandoux, directeur du Laboratoire de Chimie des Polymères Organiques* (LCPO* - Bordeaux INP, CNRS, l'université de Bordeaux), est quant à lui reconnu pour ses travaux à l’interface entre la chimie macromoléculaire, les biomatériaux et la nanomédecine. Il a reçu de nombreuses distinctions dont récemment: la médaille d’argent du CNRS en 2025, la nomination en tant que membre de l'Academia Europaea en 2020, le prix Seqens de l’Académie des Sciences en 2019, le titre de Fellow de la Société Royale de Chimie en 2017. Il est également éditeur en chef de la revue internationale Biomacromolecules (ACS), et a récemment été titulaire de la Chaire Innovation technologique Liliane Bettencourt au Collège de France, où il a prononcé sa leçon inaugurale en janvier 2025. Cette nomination marque sa deuxième sélection en tant que membre de l’IUF, la première ayant eu lieu de 2007 à 2012 en tant que membre junior.
Son projet IUF
Le projet qui l'animera pendant ces cinq années de délégation à l’IUF s’intitule « Conception de Polymersomes Compartimentés et Dynamiques Multicouches et Multicomposants en Neurotechnologie ».
Ce projet vise à développer des polymersomes (vésicules formées à partir de polymères) compartimentés et conçus comme de véritables cellules artificielles pour des applications en neurotechnologie. Trois axes sont explorés : des polymersomes asymétriques capables de chimiotaxie pour une administration ciblée des médicaments ; des polymersomes photo-explosifs permettant une libération précise de principes actifs sous contrôle lumineux ; et des polymersomes compartimentés destinés à orchestrer des réactions biochimiques complexes. L’objectif ultime est de concevoir des cellules artificielles capables de délivrer des thérapies avancées de manière fine et contrôlée. Dans une perspective plus large, ces systèmes seront élaborés pour interagir avec les cellules vivantes, libérer des agents thérapeutiques en réponse à leurs signaux et favoriser la régénération des tissus. En intégrant cellules artificielles et cellules naturelles, cette recherche ambitionne de créer des tissus bioniques tirant parti des propriétés complémentaires du synthétique et du biologique, ouvrant ainsi la voie à des substituts d’organes fonctionnels et à de nouvelles solutions de bio-ingénierie pour des tissus complexes.
Après une première nomination à l’IUF en tant que membre Junior en 2007, cette seconde distinction en qualité de membre Sénior m’offrira un temps de recherche précieux. Elle me permettra de développer un projet ambitieux que je souhaite maturer en vue d’une future candidature à l’ERC. Après dix années passées à la direction du LCPO et au service de la collectivité, cette période constituera également une occasion de me recentrer sur ce qui me motive profondément et de réfléchir aux enjeux scientifiques majeurs à relever à l’interface de la science des polymères, de l’auto-assemblage et des sciences de la vie, pour les dix prochaines années.
