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[Dossier #10] Les équipes projets communes INRIA
Les « équipes-projet » Inria sont des équipes de recherche au sein desquelles sont rassemblées une vingtaine de personnes. Constituée autour d’un responsable scientifique, elles ont toutes un objectif commun : relever un défi scientifique et technologique dans l’un des domaines prioritaires de l’institut. Chaque équipe doit répondre à une double mission de recherche et de transfert et se doit de communiquer largement ses résultats.
- Participation à des colloques
- Publications scientifiques
- Dépôt de brevets ou de licences
- Recherche partenariale
- Création d’entreprises…
Lorsqu’elles sont associées à des établissements partenaires, comme c’est le cas avec Bordeaux INP, elles sont appelées « équipes-projet communes ». Au total, notre établissement est impliqué dans 8 des 19 Equipes Projets Communes Inria du site bordelais.
Zoom sur l'équipe Phoenix et son projet DomAssist
L’équipe Phoenix est une équipe multidisciplinaire composée de chercheurs issus de domaines variés. Ses 21 membres sont chercheurs en sciences cognitives ou en informatique, professeurs de psychologie, ingénieurs, doctorants… Charles Consel, enseignant-chercheur à l’ENSEIRB-MATMECA – Bordeaux INP affecté au LaBRI (Bordeaux INP / université de Bordeaux / CNRS) en est le responsable.
Aujourd’hui, de nombreux objets technologiques communicants nous entourent partout et tout le temps. Il peut aussi bien s’agir d’un compteur électrique que d’une montre connectée ou d’un smartphone, mais aussi des panneaux publicitaires, des réfrigérateurs, des voitures… Ces évolutions ont ouvert un large spectre de nouvelles fonctionnalités et services.
La thématique principale de l'équipe-projet Phoenix concerne la conception, le développement et la validation d'outils d'assistances numériques visant à améliorer la qualité de vie, l'autonomie et l'inclusion sociale de personnes en situation de handicap. Les publics visés sont variés et les travaux actuels portent sur les personnes avec autisme, déficience intellectuelle ou encore les personnes âgées. Les applications développées concernent l'ensemble des milieux ordinaires tels que la vie domiciliaire ou encore l'inclusion scolaire. L'interdisciplinarité permet de mettre en oeuvre des méthodologies centrées utilisateurs (prenant en compte les besoins des utilisateurs et des aidants familiaux et professionnels tout au long du cycle de conception). Les applications sont ensuite déployées et validées à travers des méthodologies d'évaluation à la fois des nouveaux usages liés au numérique et des répercussions sur la santé et le bien-être des utilisateurs.
DomAssist est l'un des projets phares de l'équipe. Relatif à l'assistance des personnes âgées, il a pour objectif de leur permettre de conserver une réelle autonomie dans la gestion de leur quotidien. Initié il y a près de 8 ans, il a récemment été déployé au sein de 150 foyers occupé par des personnes seules et âgées en moyenne de 85 ans (la plus âgée en a 103 !), en milieu urbain, périurbain et rural.
La conception de la technologie DomAssist repose sur une démarche centrée utilisateur, c’est-à-dire dirigée par les besoins des futurs utilisateurs, les personnes âgées, et de leur entourage (aidant, famille…). Concrètement, l’idée est de proposer un catalogue d’applications sur tablette couvrant de nombreux volets de l’assistance à la personne : gestion du quotidien (rendez-vous, prise de médicaments,…), sécurité du domicile, sécurité de la personne, entretien du lien social… Des capteurs sont ensuite installés aux endroits stratégiques du foyer et reliés à la tablette. Ainsi, si un capteur est installé sur la porte du réfrigérateur et que cette dernière reste ouverte un peu trop longtemps par exemple, la tablette en avertira l’usager via un message d’alerte ainsi qu’une alarme sonore.
Très peu couteux (≈1200€), ce type de plateforme n’a jamais été conçu et déployé à grande échelle directement dans le domicile des utilisateurs. Aujourd’hui en projet de start-up, la solution devrait bientôt être commercialisée.
3 questions à Charles Consel, enseignant-chercheur à l'ENSEIRB-MATMECA - Bordeaux INP et responsable de l'équipe Phoenix
Que montrent les résultats de l'étude conduite auprès des 150 foyers équipés ?
L’étude est en cours, mais les premières données analysées confirment les conclusions de l’étude préliminaire menée avec 24 personnes équipées. Au total, ces premiers résultats montrent globalement la bonne acceptabilité de DomAssist chez les participants, l’efficacité des participants à utiliser la technologie installée à leur domicile, ainsi que la facilité d’apprentissage de l’interaction avec la tablette et les services qui y sont associés. Par ailleurs, nous avons également mesuré que DomAssist diminue le fardeau de l’aidant.
DomAssist devrait être, à terme, commercialisé. Quelles sont les prochaines étapes pour transférer cette technologie ?
Un ingénieur issu de l’équipe et un commercial spécialisé dans les technologies développent actuellement une offre basée sur DomAssist. Pour déterminer les contours de cette offre, ils échangent avec les acteurs publics et privés du domaine. Leur tâche n’est pas aisée car DomAssist est une plate-forme d’assistance domiciliaire en amont des systèmes classiques de détection de chûtes : il permet une action de prévention au quotidien. Il faut donc interagir avec les professionnels pour déterminer le positionnement marché de cette technologie. Ce travail essentiel est conduit en collaboration étroite avec Inria et Bordeaux Unitec.
Qui sont les partenaires du projet ?
Ce projet est soutenu et/ou financé par l’Europe (Fonds FEDER), Caisse Nationale pour la Solidarité et l’Autonomie (CNSA), le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine, le Conseil Départemental de la Gironde (Missions « Aménagement du territoire numérique » et « Personnes Agées & Handicap »), le Conseil Département des Pyrénées-Atlantiques, la CARSAT Aquitaine, le Réseau Public Départemental d’Aide à Domicile (RPDAD) de la Gironde, le CLIC Sud Gironde, Action Logement et AG2R La Mondiale. Enfin, le projet est mené en partenariat avec l’Institut de Santé Publique d’Epidémiologie et de Développement (ISPED).
